Avant que la décision de mettre en place un nouveau PNA soit prise par les instances de l’État, il est nécessaire de sélectionner l’espèce ou le groupe d’espèce qui bénéficiera du plan d’action. Ce processus se fait en plusieurs étapes, dont un recours à des programmes et organismes internationaux, européens et nationaux.

La majeure partie de l’exercice de sélection revient à l’UMS Patrinat (UMS Patrimoine Naturel, centre d’expertise et de données OFB/CNRS/MNHN), qui se charge en premier lieu d’établir une liste hiérarchisée des espèces prioritaires pour l’action publique (PAP). Cette liste prend en compte quatre critères, principaux et secondaires, pour hiérarchiser la priorité de conservation des espèces :

  • Le statut de vulnérabilité (LRN) de l’espèce au regard de la liste rouge nationale ;
  • La responsabilité patrimoniale (RP) de la France pour cette espèce ;
  • L’originalité taxonomique (OT) de l’espèce ;
  • La tendance historique des populations (THP) de l’espèce.

À chacun de ces critères est associé une valeur numérique variable. Les deux critères principaux sont la vulnérabilité et la responsabilité patrimoniale. Les critères secondaires sont l’originalité taxonomique et la tendance historique des populations de l’espèce. Les valeurs attribuées à chacun des critères dépendent de facteurs qui leur sont propres (voir figure ci-dessous). Pour établir le score de priorité final, les deux critères principaux sont multipliés entre eux, puis les critères secondaires y sont ajoutés :

(LRN x RP) + (OT + THP)

Les espèces dont le score est supérieur ou égal à 5 sont considérées prioritaires pour l’action publique. À la liste ainsi établie sont ajoutées les espèces dont l’état de conservation est considéré défavorable après réalisation des évaluations prévues dans le cadre de l’article 17 de la Directive Habitats Faunes Flore (92/43/CEE) et de l’article 12 de la Directive Oiseaux (79/409/CEE).

Fig.1. Critères principaux et secondaires servant à la hiérarchisation des espèces PAP

Après sa dernière mise à jour en 2017, la liste contient désormais un total de 633 espèces prioritaires pour l’action publique, dont 339 espèces de plantes, 181 invertébrés (insectes, crustacés, mollusques et annélides) et 113 espèces de vertébrés (oiseaux, mammifères, poissons, amphibiens, reptiles).

Cette liste est la première étape dans la sélection des espèces qui bénéficieront d’un PNA. Toutefois, le nombre élevé d’espèces dans la liste rend difficile l’élaboration de PNA pour chacune d’entre elles. Plusieurs espèces sont ainsi souvent regroupées en un même PNA par leurs similitudes écologiques ou phylogénétiques. Les DREAL et la Direction de l’Eau et de la Biodiversité (DEB) sont souvent les structures qui décident de la mise en place d’un nouveau PNA.

Statut de vulnérabilité (LRN)Statut de l’espèce au regard de la Liste Rouge nationale (DD : données manquantes, NT : quasi menacée, VU : vulnérable, EN : en danger, CR : en danger critique).
Responsabilité patrimoniale (RP)Le pourcentage d’aire de répartition de l’espèce situé en France, ou le nombre de pays (en comptant la France) dans lequel l’espèce est présente : il s’agit d’une forme de mesure de l’endémisme de l’espèce.
Originalité taxonomique (OT)L’espèce est-elle la seule de son genre, ou sa famille ne contient-elle qu’un seul genre ?
Tendance historique des populations (THP)Le nombre d’individus des populations de l’espèce est-il en augmentation, stable, en déclin ou inconnu ?

Nombre d’espèces prioritaires PAP